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Rencontre avec Robin Mansanti

05 février 2020

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Catégorie(s): Général

Un trompettiste autodidacte

J’ai découvert Robin Mansanti au Café Universel il y a quelques semaines lors de la jam vocale qu’il anime un mardi sur deux. Le Café Universel, c’est l’un des derniers survivants de ce qu’on appelait, fut un temps, les cafés-concerts parisiens. Situé sur la rue Saint Jacques dans le 5ème, vous le trouverez en marchant quelques minutes après avoir dépassé le Panthéon, là où il fait plus calme et plus intime. L’un des repères de jazz de Paris, ou musique et ivresse permettent aux âmes de s’envoler le temps d’une soirée. Un bistrot modeste et pourtant… Modeste, comme son gérant, Azou, qui vous accueille à bras ouvert et le sourire jusqu’aux oreilles. Oreilles qu’il a su aiguiser au fil des années qu’il a passées à accueillir chaleureusement des groupes dans son troquet, devenu alors une institution. Un lieu de pèlerinage pour les jeunes pousses et un berceau convivial pour les anciens.

Revenons à notre trompettiste! J’ai été charmé par la passion que mettait Robin dans son jeu et l’ai ainsi rencontré le lendemain le temps d’un café pour mieux connaître son histoire. C’est l’histoire d’un musicien pas comme les autres. Je vous invite à venir l’écouter au Baiser Salé la semaine prochaine, ou il fera hommage à son mentor: Chet Baker. Il sera en trio avec Alexis Pivot au piano et Adam Rover à la contrebasse.

Quand as tu commencé la trompette? Comment as-tu appris ?

J’ai commencé à m’intéresser à la trompette en regardant une vidéo de Chet Baker quand j’avais 17 ans. J’ai voulu essayer et donc j’ai commencé à apprendre en suivant ses gestes, reprendre le même rythme et appuyer sur les mêmes pistons, sans savoir le nom des notes! Je ne pouvais pas me tromper, la vidéo zoomait bien sur Chet, je n’avais donc qu’à reproduire ce qu’il jouait. Le concert en question s’appelle Live at Ronnie Scott's, la première chanson que j’ai joué s’appelle Ellen David.

C’est impressionnant, ça a dû te prendre un temps fou!

Oui c’est vrai que tu es toujours obligé revenir en arrière… Ceci dit, il y a une époque où certains apprenaient seulement avec des vinyles!

Tu ne connaissais rien à la musique avant de commencer à reproduire ces vidéos ?

Dans ma famille, on écoutait pas mal de jazz, notamment mon père. Mais personnellement je n’étais pas un grand consommateur de musique. J’avais fait un peu de piano mais j’avais vite arrêter!

Et ensuite, tu as commencé tes études pour te lancer dans une carrière musicale ?

Oui, après le bac j’ai décidé de me lancer dans la musique et suis entré au conservatoire d’Auxerre. Mais je t’avoue que je n’ai jamais vraiment été fait pour les études. Aujourd’hui, il y a tellement à apprendre des artistes et leurs oeuvres sont très accessibles. Toutes les questions qu’un apprenti musicien peut avoir, il en obtient les réponses dans les disques des grands.

Et après Chet Baker, qui as-tu eu d’autres comme inspirations ?

J’ai relevé d’autres artistes. Principalement, je dirais Bill Evans et Art Pepper (beaucoup Art Pepper!).

Et d’autres trompettistes ? Miles Davis par exemple ?

Etonnamment, Miles Davis, j’ai toujours beaucoup aimé, comme d’autres trompettistes, mais je ne l’ai jamais relevé. Je me suis surtout inspiré d’autres instrumentistes, très peu de trompettistes finalement…J’aime beaucoup Tom Harrel ou Eric Le Lann, selon moi le plus grand trompettiste francais.

En arrivant à Paris, quels ont été les bars dans lesquels tu es venu écouter de la musique, rencontrer de nouveaux musiciens ?

Au début, j’allais beaucoup à Autour de Midi et Minuit, à Pigalle. Il y avait un jam les mardis soir (qu’il y a toujours d’ailleurs!) animé par le batteur André Kechida, parfois Stéphane Cochet au piano et parfois Laurent Epstein au piano également. Au début pour rencontrer du monde, c’est très pratique les jams. J’avais pas mal fait celle du Duc des Lombards.


Fais-tu tes propres compositions ?

Un peu mais je suis sur déjà pas mal de projets en parallèle donc j’ai du mal à trouver le temps et ce n’est pas une priorité aujourd’hui. On fait surtout des standards avec mes différentes formations qui vont du duo au quintet.

Comment vois tu le jazz évoluer aujourd’hui ?

Historiquement, selon moi, ce qu’on appelle le Jazz, c’est un monde qui est mort depuis les années 60. Malheureusement, il a pris fin avec la fin des grands du XXe siècle, tels que Charlie Parker, Art Tatum, Bud Powel, Lester Young c’était la belle époque! Ce que je trouve incroyable en revanche, c’est que des archives qui étaient perdues, ou alors presque introuvables pendant une trentaine d’année, réapparaissent sur des plateformes comme youtube. Cela permet de redémocratiser et redynamiser des genres qui semblaient avoir fanné.

Et selon toi, personne n’a pris le relai ?

Si, il en reste quelques uns de cette belle époque comme Keith Jarrett, Ama Jamal ou Barry Harris. A part ces quelques cas, ce n’est plus la même chose. On ne parle pas du même jazz. D’une part ca swing moins, c’est devenu très binaire comme style, ca s’éloigne beaucoup de que ça a pu être.

C’est Jazz ou rien pour toi ?

Non, je suis un grand fan de jazz mais pas seulement! J’aime aussi beaucoup la musique brésilienne comme Baden Powell ou João Gilberto, et bien sur, la musique classique.

Quelles sont les difficultés que rencontre un musicien aujourd’hui ?

La vraie difficulté n’est pas forcément d’obtenir des dates mais d’obtenir des dates déclarées. La rigidité du système est très néfaste aux musiciens qui veulent faire suffisamment d’heures pour devenir intermittent.

Avec LiveTonight, on compte changer cela et faciliter cette relation entre le bar (ou tout type d’organisateur) et le musicien. Le blocage n’est pas seulement financier, il est aussi administratif!

C’est super que de nouveaux projets se mettent en place. Je pense notamment au GIP Café Culture qui permet de financer les charges sociales qu’implique l’emploi d’un musicien. C’est très difficile pour un musicien qui démarre de comprendre toutes les conditions et démarches à suivre. Je crois que moins de 10% des musiciens de jazz sont réellement intermittents…

On va améliorer ca ! Merci pour ton temps, ou pouvons nous te voir prochainement ?

Le prochain live c’est au Baiser Salé la semaine prochaine ! Pour plus d’infos c’est par ici.

Autrement, je continue à animer la jam vocale du café universel un mardi sur deux, chanteur, musiciens et amateurs sont les bienvenus!

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Ă©crit par

Antoine Decreme

Publié le 15 mars 2017, mis à jour le 05 février 2020

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