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Un message d'espoir dans l'Amérique des années 1970
Retrouvez le premier article sur le "boss" ici. Article à lire en écoutant cette playlist. Pour ce deuxième article sur Bruce Springsteen nous ne parlerons pas de son deuxième album, le très sous-coté The Wild, the Innocent & the E Street Shuffle, pour passer directement à la pierre angulaire du monument Springsteenien, Born to Run. Mon album préféré du Boss est probablement Nebraska, mais je n’ai aucune difficulté à reconnaitre que Born to Run est à mon avis son meilleur album. C’est celui qui lui a valu le titre de « futur du Rock’n’Roll », c’est celui qui lui a ouvert les portes du succès et c’est un pur concentré de Rock tout au long des huit chansons de l’album. Si Born to Run est si bon, c’est que Springsteen y a mis toute son énergie et toute son âme. Après deux premiers albums qui avaient été moyennement bien reçus pour le grand public, ce troisième album représentait pour lui sa dernière chance. Il fallait que cet album dise tout, il ne pouvait se permettre aucun compromis. Rien n’avait jamais eu autant d’importance, d’autant que dans la morosité des années 1970 (crise du gouvernement Nixon, la fin peu glorieuse de la guerre du Vietnam, crises économiques tenaces), Springsteen sent, qu’au-delà de son propre carrière, c’est le peuple américain aurait bien besoin de messages d’espoir. Il déclare d’ailleurs, à propos de l’Amérique post-Nixon, que les gens avaient devant eux un pays qui avait atteint ses « limites ». Ainsi, dans une période dominée par le cynisme, il voulait créer une œuvre qui pourrait réhabiliter le Rock’n’roll comme une force culturelle capable d’inspirer et même de produire un changement.
Ce sentiment de perdition du rêve américain, Bruce l’exprime très clairement dans la première phrase de la chanson clé de l’album, Born to Run. Clé de voûte de l’ouvrage, cette chanson est devenu un hymne springteenien à part entière, et s’ouvre ainsi : « In the day we sweat it out on the streets of a runaway American dream ». Mais cette chanson recèle surtout un message d’espoir et de prise en main de sa destinée. Il en va de même de Drive it like you stole it, magnifique chanson de la BO du récent film Sing Street, Born to Run qui exprime le message suivant : « si tu as face à toi un futur où les possibilités se réduisent au lieu de se multiplier, alors prends ta vie en main, et fuis tant que tu le peux ». Baby this town rips the bones from your back It's a death trap, i'ts a suicide rap We gotta get out while you're young 'Cause tramps like us, baby we were born to run Ce même thème est repris dans la première chanson de l’album, Thunder Road, qui est personnellement ma préférée (je vous conseille la version live à Hammersmith Odeon 1975). Dans cette chanson, Springsteen écrit : Oh oh come take my hand Riding out tonight to case the promised land […] Lying out there like a killer in the sun Hey I know it's late, we can make it if we run […] It's a town full of losers And I'm pulling out of here to win Comme Meet the Beatles!, le premier vrai album américain des Beatles, le Blonde on Blonde de Bob Dylan, le premier album d’Elvis Presley ou le Nevermind de Nirvana, Born to Run établit à l’époque un son et une identité suffisamment puissants qui chamboulent unanimement les amateurs de musique, qu’ils aiment ou non ce qu’ils entendaient. Avec cet album, Springsteen ravale toutes ses peurs et ses angoisses d’échec et d’oubli pour les transformer en une incroyable énergie qui permettra à son génie créatif de s’exprimer pleinement. Born to Run est un chef d’œuvre du Rock’n’Roll. Dans le Los Angeles Times , Robert Hilburn, légende de la critique musicale de l'époque, ne tarit pas d’éloges: « le plus pur aperçu de la passion et de la puissance du rock’n’roll en près d’une décennie ». Je conclurai en citant Thunder Road, « Show a little faith, there's magic in the night »
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